dimanche 28 décembre 2014

Amie nullipare

Le réveil sonne à 7h. Le tien est peut-être une douce mélodie ou le dernier tube à la mode. Le mien est organique et hurle déjà à pleins poumons.
Tu prends le temps de choisir ta tenue du jour en fonction de la météo et des dernières modes. J'enfile ma tenue de la veille et de bonnes grosses chaussettes. J'ai toujours froid aux pieds lorsque je suis fatiguée.
Pendant que tu prépares ton petit déjeuner, je prépare un biberon.
Prends le temps de te maquiller, le bus n'arrive que dans quelques minutes, moi j'en prends cinq pour m’asseoir et boire un truc en vitesse.
Déjà, il te faut ouvrir les dossiers de la veille et te mettre au travail. Au choix, je change une couche et un enfant, je range le lave-vaisselle, je lance une machine à laver, je vais faire les courses, je pose l'enfant à la crèche pour me rendre à un rendez-vous médical ou personnel.
Vers 10h, tu prendrais volontiers un petit en cas, je mets l'enfant à la sieste et j'en profite pour ranger la tornade de jouets qu'il m'a laissé.
Entre 11h et 11h30, il te faut choisir avec quel(le) collègue tu passeras le temps de midi et/ou quel restaurant branché te tente aujourd'hui. Je mets la courge, la patate, les haricots verts et la viande à cuire tout en essayant de redonner à ma cuisine une tête présentable.
À midi, tu t'installes à table et tu commandes un bon repas chaud. Je mixe une purée de légumes en tentant de faire tenir cinq minutes supplémentaires l'estomac sur pattes qui me sert d'enfant avec une saucisse.
Vers 13h, tu as mangé une entrée, un plat, un dessert et peut-être même une boisson chaude pour finir. Je suis couverte de la tête aux pieds de purée, mon sol également, mon enfant également.
Il est temps pour toi de retourner travailler. Je change une couche et un enfant.
Ton chef hausse un peu le ton pour un travail non fait. L'enfant hausse carrément le ton parce que je prends cinq minutes pour m'asseoir pour manger.
Enfin il est 14h et tu as bien mérité une petite pause. Après avoir changé une couche, je remets l'enfant à la sieste.
Ton bureau est sans dessus dessous avec tous ces dossiers qui s'empilent ! Ma cuisine est sans dessus dessous avec les épluchures de légumes, le mixer, la casserole, les couverts etc... Je débarrasse un lave-vaisselle à la vitesse de l'escargot pour ne pas risquer de réveiller l'enfant qui dort et j'essaye de ranger la cuisine.
Dans l'après-midi, tu ne vois pas le temps passer avec tout le travail que tu accomplies ! Pendant la sieste de l'enfant, j'ai le choix entre dormir pour ne pas devenir folle à cause du manque de sommeil, prendre ma douche pour ne pas devenir un attrape mouches ou ranger (encore et toujours) la tornade de jouets laissée par l'enfant qui déménage l'appartement. L'aspirateur est bien sûr exclu pour ne pas risquer de le réveiller.
Vers 16h, tes collègues mamans se sauvent pour aller récupérer leurs enfants à l'école. Courage, plus qu'une heure et tu es libre toi aussi. Chez moi, l'enfant se réveille affamé et demande un gâteau qu'il émiettera partout dans l'appart, renverse la tasse de thé froid que je voulais boire chaud mais que j'ai oublié quinze fois entre la table et le micro-ondes, hurle pour avoir une clémentine qui s'écoulera tranquillement sur son petit haut (c'est rien que la troisième tenue que je lui mets aujourd'hui) et fini par se calmer avec son biberon. Oui à 14 mois l'enfant prend encore un biberon de lait au goûter s'il veut.
Ça y est, tu es enfin chez toi et tu peux au choix : aller au sport, aller faire les courses (il faut bien manger) ou faire ton ménage qui te prendra disons une heure ou deux vue que rien ni personne ne viendra t'interrompre pendant ce temps. En plus, tu peux mettre la musique à fond pour te donner du courage. Ça y est l'enfant a goûté et moi aussi au passage, faut bien se donner du courage. Je peux au choix : aller faire les courses, étendre la lessive qui a mis la journée à tourner rapport au fait que je la mets en pause chaque fois que l'enfant dort ou qu'il l'a met en pause lui-même en appuyant sur tous les boutons à sa portée, ou profiter du retour du père de l'enfant pour me poser cinq minutes.
Finalement il se fait vite 18 heures, quel est le programme télé de ce soir ? Finalement, il se fait beaucoup trop vite 18 heures, qu'est-ce qu'on mange ce soir ?
Un petit tour sur Marmiton pour une recette avec les courses fraîchement faites ou les restes du frigo ? Je ressors ma casserole et mon mixer pour une purée panais pâtes brocolis.
Finalement ce n'est pas si long de se faire un bon plat de lasagnes, à peine 45 minutes. Le père de l'enfant fait manger ce dernier pendant que je prépare notre dîner ou inversement.
Vers 19h, tu prendras peut-être un petit apéro devant une nullité télévisuelle. Pendant ce temps, ma salle de bain se transforme en parc aquatique. Mais bon...l'enfant est heureux comme jamais, on ne va pas l'empêcher d'éclabousser partout, de faire des bulles, de m'arroser copieusement, de boire l'eau de son bain...
Allez, il est 20h, tu passes à tables. Nous avons changé une couche, mis l'enfant en pyjama, fait le rituel du coucher, fait boire l'enfant une dernière fois, aspiré un nez qui coule, allumé le chauffage, mis une tétine et un doudou et avons fermé la porte tout doucement. Nous allons nous aussi pouvoir passer à table en chuchotant.
Après avoir fini de manger, tu débarrasseras ta cuisine en à peine une demi heure. Nous aurons mangé à tour de rôle pour aller bercer l'enfant qui s'est réveillé déjà plusieurs fois pour cause de nez bouché, doudou perdu, tétine tombée, mauvaise position, mauvais rêve. La cuisine restera en désordre pour ne pas que le bruit de la vaisselle risque de réveiller l'enfant.
Finalement, à 21h tu as toute la soirée devant toi. Il nous faudra encore débarrasser le salon pour ne pas risquer de marcher sur un légo pendant la nuit, éponger un peu la salle de bain, programmer une lessive pour demain, préparer le sac de crèche.
Entre 22h et 23, je vais prendre ma douche et me coucher. Tu me traitera sans doute de mamie, mais toi tu dormiras d'une traite de l'heure de coucher jusqu'à 7h demain matin alors que moi je me relèverai plusieurs fois cette nuit pour un doudou, une tétine, une terreur nocturne, un biberon, un besoin de câlin...
Finalement le lendemain matin à 7h tu seras fraîche et dispo pour recommencer la même journée que la veille alors que j'aurais bien dormi deux ou trois trimestres de plus pour affronter, moi aussi, la même journée que la veille.

Et ça, c'est quand tout se passe bien. Quand il n'y a pas une visite pédiatre et pharmacie à inclure dans le programme, quand il n'y a pas de crises de larmes incompréhensibles, quand il n'y a pas d'invités surprises, quand l'enfant ne met pas trois heures pour manger deux cuillères ou pour s'endormir le soir, qu'il ne se barbouille pas avec une couche explosive etc...
Et là, je ne t'ai même pas parlé des règles de bonne conduite à apprendre à l'enfant pour qu'il soit plus tard un adulte respectable, c'est un travail de tous les instants.

Alors dis-moi, amie nullipare, où crois-tu que je puisse trouver le temps au milieu de tout ça pour :
- prendre soin de moi,
- me maquiller,
- m'épiler,
- me choisir de belles tenues,
- faire du shopping,
- me tenir au courant des dernières tendances,
- aller au cinéma,
- faire du sport pour perdre mes kilos de grossesse,
- ranger mon intérieur,
- passer l'aspirateur,
- tout nettoyer de la cave au grenier,
- préparer de bons petits plats,
- faire de la pâtisserie,
- ...

Les journées ne durent que 24 heures et il n'y a ni week-end ni vacances dans le métier de parents.
Alors oui, je ne travaille pas au sens où tu l'entends et je reste à la maison.
Mais ne viens pas me dire que je suis inactive !
On en reparle lorsque tu auras toi aussi un ou des enfants à gérer.

10 commentaires:

  1. Tu vois parfois, ce genre de réflexions j'ai peur de me les prendre directement de mon homme le jour où on aura enfin réussi :/ Enfin avec un peu de chance, il se rendra compte du boulot que c'est ne soyons pas médisante ^^" En attendant, je m'obstine depuis un an et demi pour avoir cette vie de fou XD ---> Masochisme assumé =D

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    1. Comme tu peux le voir, Marie est dans ce cas là.
      C'est bien simple, le meilleur moyen de leur faire reconnaître que c'est fatiguant c'est de leur faire vivre !
      Bon courage pour vos essais !

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  2. Un truc qui aide : ne pas changer l'enfant qui a sali ses vêtements, on s'en fiche des tâches !

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    1. Mwoui enfin si on veut sortir et le rendre un peu présentable, parfois on n'a pas le choix :-)

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  3. Ben moi, les réflexions, je les ai de mon homme... il pense que je passe mon temps assisse dans mon fauteuil à ne rien faire alors
    On en parle des pauses pipi sous surveillance ou reportée pour cause de bébé... Je suis + fatiguée que quand je travaillais mais j'aime cette vie.

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    1. Certes, moi aussi j'aime cette vie. Je n'aime juste pas les gens qui ne connaissent pas et qui jugent.
      Quant à ton homme : laisse lui l'enfant pendant un jour voire un week-end pour voir ?

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  4. Je n'ai pas d'enfants, mais je ne me permets clairement pas de faire des remarques sur le rythme de vie des gens, qu'ils aient des enfants ou pas :-)
    On vit tous les choses différemment, quel intérêt de juger?!

    Je t'envoie plein de soutien!
    Et te souhaite de bonnes fêtes :-)

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    1. Merci beaucoup ! Si seulement il y'avait plus de gens qui s'occupaient de leur vie, ça serait plus simple pour tout le monde.
      Bises et bonnes fêtes à toi aussi !

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  5. Et oui, des vies si différentes. Patience...Car ce qui est sympa quand l'enfant va à l'école c'est qu'alors on cotoie beaucoup plus de parents, dont certains deviennent amis ou bons copains. Ce sont des relations vachement importantes je crois. je ne l'ai pas vécu, je l'observe chez mes amis. Et figures toi que ....à un autre bout de la vie, avant 50 ans, c'est encore une autre histoire de faire le petit dernier ou le premier. Plusieurs amies ont eu leur bébé à 43 ans quand tout le monde était débarrassé des enfants en bas age, des vacances-colo au camping, etc...Il y a eu de grands moments de solitude....de coupures avec des amis et OUF l'école a renouvelé le stock de copains disponibles et sur les mêmes vies quotidiennes avec des enfants à la maison.

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